Généalogie des seigneurs de La Roue
Sept siècles d'une lignée exceptionnelle (1096-1715)
La généalogie des seigneurs de La Roue raconte l'épopée d'une famille qui, pendant plus de sept siècles, a marqué l'histoire des Monts du Forez. De Pierre Guillaume le croisé aux marquis de Rivarol, cette lignée illustre les transformations de la noblesse française.
Les armoiries familiales
Avant de dérouler le fil des générations, rappelons que les seigneurs de La Roue portaient des armes remarquables : "fascé d'or et d'azur de six pièces", avec pour devise "Encore un tour de roue et tout pousse à la Roue".
Ces armoiries, fidèles au symbolisme solaire du lieu, accompagnent toute l'histoire familiale comme un fil d'or à travers les siècles.
XIIe siècle : Les fondateurs
Pierre Guillaume (vers 1096-1126) / Le croisé bâtisseur
Premier seigneur connu de La Roue, Pierre Guillaume incarne l'idéal chevaleresque de son temps. Familier du comte du Forez, il part en croisade en 1096 et devient chancelier d'Ascalon en 1126. À son retour, il fait édifier le château fort et ajoute à ses titres celui de vicomte de Montpeloux.
Son héritage : un château de prestige et une vision territoriale ambitieuse.
XIIIe siècle : L'apogée féodale
Armand Ier (1223-1234) / Le consolidateur
Premier du nom à porter le titre de "Seigneur de La Roue", Armand Ier consolide l'œuvre de Pierre Guillaume. De ses sept enfants, dont cinq fils, naîtra la splendeur de la maison de La Roue.
Guillaume de la Roue / L'évêque bâtisseur ⛪
Quatrième fils d'Armand Ier, Guillaume choisit la voie religieuse. Entré à l'abbaye de la Chaise-Dieu dans l'ordre de Saint-Benoît, il devient prieur de Saint-Jean-Baptiste de la Chaulme et administre plusieurs prieurés régionaux.
Consécration exceptionnelle : Le 22 février 1263, le pape Urbain IV le sacre évêque du Puy-en-Velay à Orvieto. Il dirigera ce diocèse prestigieux jusqu'à sa mort le 2 août 1283, avant d'être inhumé à la Chaise-Dieu selon ses vœux.
Pierre (vers 1250-1285) / Le seigneur sans postérité
Fils aîné d'Armand Ier, Pierre règne sur La Roue pendant 35 ans. Marié successivement à Guillarde de la Tour puis à Dauphine de Lavieu (dame de Saint-Bonnet-le-Château, la Chaulme et Mirabel), il meurt sans enfant en 1285.
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XIVe siècle : Splendeur et extinction
Armand II (1285-†) / Le continuateur de lignée
Frère de Pierre, Armand II assure la postérité familiale. Époux de Sybille de Tournon, il a deux enfants dont l'aîné, Bertrand, portera la maison de La Roue à son apogée.
Bertrand (†1326) / Le chevalier du roi
Sire de la Roue, vicomte de Montpeloux, Bertrand sert comme chevalier dans l'armée de Philippe le Bel lors de la guerre des Flandres (1306). Personnage de premier plan, il meurt sans postérité en 1326, marquant l'extinction de la branche mâle de la maison de La Roue.
XIVe-XVe siècles : La transmission par les femmes
Sybille de Tournon / L'héritière courageuse
Veuve de Bertrand vers 1325, Sybille se trouve héritière des terres de La Roue. Elle avait épousé vers 1230 Gilbert de Solignac, Seigneur en Velay, dont elle eut deux fils : Liautau et Bertrand.
Bertrand de Solignac-La Roue / Le nouveau seigneur
Par dispositions testamentaires de sa mère, le cadet Bertrand abandonne ses droits sur Solignac à son frère aîné pour prendre le nom, les armes et les terres de La Roue. Ainsi naît la branche Solignac-La Roue.
La guerre des deux Armand (1357) / Un conflit de succession sanglant
Armand III, fils de Bertrand et nouveau seigneur de La Roue, revendique hautement la succession de Solignac. Ne tenant aucun compte de l'acte de renonciation signé par son père, il déclenche en 1357 contre Armand IX, vicomte de Polignac (époux de sa cousine germaine), la guerre sanglante privée dite des "deux Armand".
Ce conflit illustre les tensions féodales de l'époque et la complexité des successions nobiliaires.
XVIe siècle : Les derniers seigneurs français
Louise d'Hostun de Clavesson (1540) / La dernière héritière
En 1540, Louise d'Hostun de Clavesson déclare solennellement que "la maison de la Roue est un fief du comté du Forez quoique ressortissant de la sénéchaussée d'Auvergne". Elle acquiert du pouvoir royal le vicomté de Lavieu en Forez vers 1537.
Ses deux fils marquent la fin de la lignée française :
Charles : page de Monsieur le Dauphin, tué à l'assaut de Dinant en 1554
Jacques : Bailli royal du Velay en 1560, ecclésiastique puis homme de guerre
Tous deux meurent sans postérité, marquant la fin de la branche Roue-Solignac.
René-Pierre dit Héral de Pierrefort / Le dernier résidant
La sœur des précédents épouse en 1553 René-Pierre dit Héral, Seigneur de Pierrefort, baron de Haute Auvergne. Ce couple favorise l'essor du bourg de Saint-Anthème.
Leur fille unique, Marine-Gabrielle (dame de la Roue 1610-1646), épouse Joseph-Hyacinthe de Saint-Martin-d'Aglie, marquis de Rivarol, marquant la fin de la branche Roue-Pierrefort.
XVIIe-XVIIIe siècles : L'exil italien
Les marquis de Rivarol / L'émigration définitive
Charles-Louis François, marquis de Rivarol, comte de la Roue (1670-1715), fils de Marine-Gabrielle, ne réside plus en France mais dans le Piémont, en Italie du Nord.Il y aura encore trois autres comtes de la Roue résidant en permanence en Italie du Nord, marquant l'éloignement définitif de la famille de ses terres d'origine.
Le patrimoine territorial
Au milieu du XVIe siècle, les terres de la maison de La Roue étaient considérables :
En Auvergne :
Sept paroisses de la vallée de l'Ance
Saint-Anthème, la Chaulme, Saint-Clément-de-Vallorgue, Saint-Romain-Valenchères
Parties d'Eglisolles, Saillant et Ussin

En Velay :
Aurec avec ses annexes d'Oriol et de la Chapelle
Empurany, Fressenet, La Fare, La Marade
Co-seigneuries de l'Espinasse
Revenus du monastère de La Chaise-Dieu

En Forez :
Vicomté de Lavieu
Rentes en Livradois
Ainsi s'achève, au début du XVIIIe siècle, l'extraordinaire épopée d'une famille qui aura dominé les Monts du Forez pendant plus de six siècles, laissant dans la pierre et dans la mémoire collective l'empreinte indélébile de sa grandeur.
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